Histoire

Historique du village de Montigny-les-Arsures

Montigny-les-Arsures : le nom du village évoque les bois brûlés puis labourés, les terres agricoles et viticoles gagnées sur les forêts (mons ignis =montagne de feu ; arsure= brûlure), c’est un village bâti en hameaux au pied du mont et de la forêt, entouré de terres fertiles. Ces terres argilo-calcaires, veinées de marnes grises, bleues, blanches et rouges accueillent des cépages locaux originaux et anciens : melon, savagnin, trousseau et poulsard.

 

Si on ne sait retracer toute l’histoire du village, ses vieilles pierres témoignent cependant de celle-ci depuis le moyen-âge : une église remontant au moins au XIIème siècle, maintes fois démolie et modifiée jusqu’au XVIIIème siècle, d’anciens celliers d’abbayes, deux châteaux, des maisons de notables (dites chevances) et aussi les maisons typiques des petits polycultivateurs-vignerons, sans oublier quelques fontaines toujours en eau, tout cela bâti en pierre calcaire aux teintes dorées.

 

Des noms aussi ont traversé le temps ; ceux des monastères ayant eu leurs celliers à Montigny (abbaye de Rosières à La Ferté, abbaye de Sainte Marie à l’Abergement) ; ceux d’Arménier, de Boutechoux, de Chavanes, de Lepin et de Sainte Marie ayant possédé ou possédant encore les châteaux ; plus récemment ceux de Pasteur qui y possédait l’historique vigne où il a expérimenté la fermentation alcoolique ; du zouave Coco qui en 1871 a défendu, sur une butte située à Montigny, au prix de sa vie, la retraite de l’armée de Bourbaki fuyant devant l’armée de Prusse ; plus près de nous encore, ce sont les noms des familles de vignerons qui, par leur travail, ont façonné l’actuel paysage et fait la renommée du village.

 

Les amoureux des ouvrages d’art évoquent aussi le viaduc du chemin de fer, construit en 1862, en arc de cercle, initialement pour relier les salines de Salins et d’Arc-et-Senans, puis pour établir la liaison entre Paris et la Suisse.

 

Au point de vue stratégique et militaire, Montigny devait jouer un certain rôle, puisqu'un château fort ou maison forte aurait existé avant l'année 1400. Ce château de Gimont, dont il ne reste plus aucune trace aujourd'hui, aurait été élevé sur les collines du même nom (Gimont-le-Château) à quelques centaines de mètres de l'actuel château de Sainte-Marie.

 

Jusqu'en 1375, les droits seigneuriaux et les droits de justice sur les territoires de Montigny, Vauxelles et La Grange des Arsures restèrent immuablement attachés au domaine particulier des comtes de Bourgogne. Cependant, le 3 novembre 1375, Marguerite de France, comtesse de Bourgogne, voulut reconnaître les services de Humbert de la Platière d'Arbois, en lui accordant le droit de haute justice qu'elle se réservait. Humbert de la Platière ne jouit de la seigneurie de Montigny que pendant 13 ans. Il en fit don au chapitre des Chanoines de l'église Notre Dame d'Arbois. Puis la seigneurie de Montigny passa au duc Philippe de Bourgogne moyennant le versement d'une rente annuelle de 90 livres assignée sur les salines de Salins. Enfin, le 18 août 1408, Guy Arménier, d'abord conseiller, puis président du parlement de Bourgogne, obtint des lettres patentes de Jean sans Peur, par lesquelles ce prince l'autorisa à prendre, sur le territoire de Montigny, les terres nécessaires à la construction d'un château, tout en lui attribuant certains droits féodaux sur Montigny. Ensuite, plusieurs grandes familles se sont installées à Montigny, telles que les Lallemand, les de Rosières, les de Crécy, les de Boutechoux, les de Chavanes, les Lepin et les de Sainte-Marie.

 


Promenade dans Montigny-les-Arsures

Il existe en fait deux château à Montigny :

À côté de l’église de Montigny, dans un beau parc arboré, se trouve le Château de Montigny, flanqué de quatre tours carrées de dimensions variables. Il possédait un donjon, mais celui-ci a disparu dans les tourmentes des siècles passés.

 

Construit au XVème siècle comme un château fort, il a ensuite été modifié. Il contient une bibliothèque ancienne logée dans l’une des tours, les bâtiments entourent une belle cour intérieure, avec un grand escalier et des caves anciennes et vastes, datant du XVIIème siècle.

 

Dans le parc, une ancienne orangerie construite au XIXème siècle, garde les traces de l’armée allemande qui a occupé les lieux pendant la deuxième guerre mondiale, sous la forme d’un poème inscrit sur les murs en écriture gothique, elle avait alors été convertie en écurie.

 

En 1418, Guy Arménier, un docteur en droit qui avait rendu de nombreux services aux ducs de Bourgogne, ayant eu des charges importantes dont celle de bailli d'Aval, reçut en fief un territoire très étendu à Montigny au centre duquel il fit construire un château fort, l'origine de l'actuel château de Montigny, près de l'église. En 1471, les Français, sous la royauté de Louis XI, envahirent les environs, le château passa aux mains du capitaine Naudet qui épousa la fille de Guyot Arménier. Celui-ci fut assassiné peu de temps après, sa femme épousa alors en secondes noces Louis de Vaudrey, leur fils revendra le château. En 1595, Henri IV qui envahit la Franche-Comté encore indépendante de la France, assiégea Arbois et passa une nuit au château de Montigny. Le château passa à la famille Lallemand, puis à Claude Emmanuel de Crécy, fut vendu en 1770 à Jérôme François Éléonore Boutechoux de Chavanes, qui fut le dernier seigneur. En 1844, son fils dut vendre et le château fut acquis par le baron Lepin, général d'empire. En 1916, la famille de Saint-Marie en hérita, elle en est encore propriétaire.

 




 

En haut du village, dans le quartier de Saint-Laurent, se trouve un autre beau château appelé Château De Chavanes, dont certaines parties datent du XVIème siècle. Bien restauré par ses actuels propriétaires, il abrite dans l’impressionnante grange de son ancienne ferme une salle de spectacle.

 

La famille Boutechoux est l'une des familles nobles qui subsiste encore à Montigny, l'actuel propriétaire du château de Chavanes en est un descendant. Dès 1526, Jean Boutechoux acquit par mariage le fief de Saint-Laurent. Son fils Louis devint contrôleur de la grande Saunerie de Salins. Jérôme François Éléonore Boutechoux de Chavanes, un de ses descendants, possédait les deux châteaux du village, et de vastes terres.

 




 

Ces deux châteaux sont privés et ne se visitent pas, mais une promenade dans le village permet d’en saisir le charme.

 

En plus des deux châteaux, Montigny possède quelques belles demeures anciennes :

La famille de Nozeroy possédait dès le 15ème siècle une chevance (un domaine), qui passa au 17ème siècle en dot à Mlle de Mannery (d'où son nom de chevance de Mannery) et eut ensuite divers propriétaires. Cette maison, flanquée de deux tours, possède des murs extraordinairement épais. On pense que c'est dans cette maison que logea le maréchal Biron, qui accompagnait Henri IV lors du siège d'Arbois.

 




 

Une autres famille noble, la famille Bancenel, possédait deux autres chevances à Montigny, dont une flanquée de tours, cette demeure passa dans d'autres mains, son propriétaire ayant émigré au moment de la Révolution, ses biens ayant été vendus nationalement.

 



 

La famille Vauxelle était une famille noble établie à Arbois. Elle avait un fief de mairie qui passa à la famille De Chavirey. Jean De Chavirey, était seigneur de Vauxelle et d'Ivory sur la fin du XVème siècle.

 




 

 

Mais aussi :

 




 

 






 

C’est une belle petite église aux proportions harmonieuses, au clocher typiquement franc-comtois, construite en pierre calcaire jaune, flanquée du cimetière et d’un magnifique tilleul. Elle est visible depuis la route nationale, et constitue avec la mairie toute proche et l’ancienne cure le cœur du village.

 

Son existence est attestée depuis 1156 au moins, le chœur, de style roman, en pierres grises est dominé par sa voûte en berceau. La nef, elle, avait été détruite en 1638 puis reconstruite dans le style gothique du moment, la complexité dans le plan, les matériaux, la structure, témoignent de l’histoire mouvementée.

 



 

Ancienne demeure de la famille Champagne.

 

L'ancienne cure était située entre le cimentière et le clos de M. de Crécy. Le 16 avril
1730 a été signé le contrat d'échange de l'ancienne cure contre cette maison flanquée d'une tourelle qui devint la nouvelle cure.

 


 

Les abbayes et la culture de la vigne au Moyen-âge

Dès le XIIème siècle, les comtes de Bourgogne ont cédé, offert en somme, des terres à différents monastères, à Montigny, dans le but d’y faire pousser de la vigne.

 

  • Chapelle Saint-Laurent et Cellier de Mont-Benoit.

Elle était située dans le quartier saint Laurent, à côté du château de M. de Boutechoux, et fut unie en 1689, à la mense capitulaire de saint Anatoile, de Boutechoux et de Crecy, et probablement à Jean Girardot, seigneur de Beauchemin.

 



 

  • Cellier de Buillon et de Mont-Sainte-Marie.

Les abbayes de Buillon et de Mont-Sainte-Marie avaient été dotées par les souverains de Bourgogne et plusieurs propriétés de Montigny et aux Arsures. Elles entretenaient chacune un religieux et plusieurs domestiques dans les bâtiments construits pour l'exploitation et ces domaines. Leurs bâtiments d'exploitation, ruinés en 1479, ne furent pas rétablis.

 




 

  • Petit-Rosières

L'abbaye de Rosière possédait au bas de Montigny un domaine considérable, surtout en vignes. Il y avait au centre un bâtiment, une chapelle et de vastes caves. Un ou plusieurs religieux et des valets faisaient valoir cette propriété. En 1205, Marguerite, comtesse de Bourgogne, confirma à cette abbaye les dons faits pour fondation d'un anniversaire par Gauthier, chapelain, des vignes de Pousset, de la Côte, d'un cans, d'un muids de vin et de 40 sols d'argent. En 1223, Richard de Byrça à toutes les querelles qu'il faisait aux religieux pour certains biens situés à Montigny et au Tilleret. En 1230, Jean et Pierre d'Ecleux leur donnèrent la vigne qu'ils avaient près de leur clos. En 1235, Rodolphe et Hugues de Gilley leur abandonnèrent les dîmes qu'ils percevaient dans la paroise. Le 6 février 1415, le duc Jean-sans-Peur, étant à Poligny, leur permit de couper, dans sa forêt de Mouchard, tout le bois nécessaire pour le chauffage de leurs fermiers de Montigny et pour réparer leurs bâtiments et faire des tonneaux et des échalas. Ce domaine a été vendu nationalement en 1791 à plusieurs particuliers.

 



 

Le dictionnaire Rousset évoque aussi un cellier de la Loge sur des terres offertes aux moines de la Loye. Toutes ces propriétés religieuses ont disparu lors des ventes des biens d’église, au moment de la grande Révolution, entre 1791 et 1794.

 

« On remarquera que la plupart des monastères avaient, dans les pays vignobles les plus renommés, des clos cultivés avec soin, dont ils s’honoraient d’offrir les excellents produits aux visiteurs étrangers et aux personnages de distinction de la province. » (cf dictionnaire Rousset de 1854)

 

À voir également :

Cette borne, pièce dit-on unique en France, décorée d’un salignon (pain de sel de forme circulaire) marquait la limite entre les deux grandes zones de distribution du sel, le pays d’aval et le pays d’amont, des secteurs où la grande et la petite saline de Salins-les-Bains pouvaient commercer. Elle vient d’être répertoriée par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de Bourgogne Franche-Comté.

 

Pendant longtemps ce témoin du sel est passé presque inaperçu caché sous des ronces, enterré aux trois-quarts dès le XVIe siècle et positionné debout, car il se trouvait le long d’un chemin allant des salines vers la Bresse qui croise la RD249. En 1993, le maire de l’époque décide de le mettre à l’abri alors que des travaux d’agrandissement de la route départementale sont annoncés et menacent sa pérennité.

 

La borne saunière au musé des Salines à Salins-Les-Bains
La borne saunière au musé des Salines à Salins-Les-Bains
La borne saunière en 1993
La borne saunière en 1993

 

La borne est entreposée dans un local. Des recherches sont menées par une érudite du village qui confirme son histoire et son authenticité.

 

La commune s'est engagée par une convention avec la Grande saline de Salins-les-Bains pour qu'elle soit mieux valorisée. En octobre dernier, l'original a été adressé à un atelier spécialisé de moulage pour qu'une copie en résine soit réalisée. Dans quelques mois, elle retrouvera un emplacement le long du chemin Saunier. La vraie borne sera exposée au musée du sel qui compte un fonds de 1 800 œuvres. L'intérêt majeur de cette pièce c'est qu'elle permettra de renforcer les collections au niveau du commerce du sel constituées de beaucoup d'éléments des XIXe et XXe siècles par une pièce majeure du XVIe siècle.

En 1870, après la défaite d'Héricourt, l'armée de l'Est se repliait en Suisse, ne livrant plus que des combats d'arrière-garde.

 

Le 25 janvier 1871, à deux kilomètres d'Arbois, un petit groupe de francs-tireurs se heurta à un peleton de reconnaissance Prussienne, formé d'un demi bataillon. Par un tir de harcelement, les français, tout en se repliant sur Montigny, retardèrent l'ennemi en l'obligeant à se déployer. Au bruit de l'engagement, le zouave Coco, isolé depuis la veille dans le village, se posta alors sur le "tertre circulaire haut de trois à quatre mètres, vêtu de murs de pierres sèches et couronnés d'une étroite terrasse qui domine le vallon d'Arbois et le couloir des Arsures.

 


Reconstitution historique, janvier 2019
Reconstitution historique, janvier 2019

 

On y accédait par une rampe extérieure en spirale. De là, il vit arriver le détachement ennemi qu'il réussit à tenir en respect jusqu'à l'épuisement de ses munitions. Ce fut alors l'assaut contre lequel le zouave se défendit encore à coups de crosse. Submergé par les prussiens exaspérés, déchiqueté par les sabres, il fut achevé d'une balle. (Les mains qu'il tendait pour se protéger étaient lacérées fendues jusqu'aux poignets). Dans le cimetière de Montigny, on enterra le zouave Coco. Sur sa tombe, une épitaphe dont la fin est effacée: "Ici repose, auprès d'un frère d'arme inconnu, Léopold Coco Tonnel (pour tonnelier), zouave né au Chesne (Ardennes). Mort héroïquement le 25 janvier 1871.

 

La tour a été entièrement restaurée par les scouts de France de Haillerourt Nancy en 1988.

Le viaduc de Montigny, est un des monuments symbolique du village.

L'ouvrage entièrement en courbe de 480 m de rayon a une longueur de 230 m et une hauteur de 28 m. Il comporte 11 arches de 15 m d'ouverture et permet le passage d'une double voie. La ligne Mouchard - Pontarlier, alors à voie unique, est inaugurée le 15 novembre 1862. Elle est mise à double voie en 1900.

 



 

Notre viaduc a été construit grâce à l'intervention de plusieurs personnages qui ont compté dans l'histoire régionale du 19ème siècle. Monsieur de Grimaldi, directeur des Salines de l'Est est à l'origine de la ligne Dole - Salins ouverte dès 1857. Cet embranchement est destiné à desservir les établissements d'Arc-et-Senans et de Salins. Il doit également constituer la première partie d'une liaison avec Pontarlier et la Suisse. Sortir de la cuvette de Salins se révèle impossible. L'ingénieur des Ponts et Chaussées Parandier, propriétaire du château des Tourillons, est chargé d'établir le tracé permettant d'accéder au premier plateau jurassien. Il convainc les autorités à accepter un tracé passant à proximité de sa résidence de vacances et d'ouvrir la petite gare de Mesnay-Arbois. Depuis Mouchard, pour y parvenir, il faut passer sur les hauteurs de Montigny et franchir un vallon assez profond. Les arpenteurs achèvent leurs relevés en 1858 mais les travaux traînent en longueur. Ils reprennent en novembre 1860. Lors de la construction du viaduc, des chars tirés par des bœufs montent les pierres de taille jusqu'au chantier. De fausses données géologiques entraînent la faillite de l'entreprise chargée des travaux car le sol ferme est recouvert par une couche d'alluvions plus épaisse que prévu nécessitant des forages très coûteux, sans apport de crédits supplémentaires.

 

Cette artère franco-suisse est parcourue par de nombreux express internationaux dont le plus célèbre est le Simplon-Orient-Express surnommé "le roi des trains, le train des rois". Très luxueux, il transports diplomates, hommes d'affaires et belles femmes mystérieuses jusqu'à Istanbul.

 

Cet ouvrage fait parti également de la « ligne des Hirondelles » Dole - St-Claude. Cette ligne est bien connue pour ces nombreux viaducs, ponts et tunnels.

 

Remise à voie unique après de longs travaux, la ligne est électrifiée en 1958 et dotée d'un équipement qui en fait la plus moderne du monde. Depuis 1984, les grands express internationaux sont remplacés par le TGV. Le viaduc de Montigny voit circuler de nombreux prototypes et les trains de réception des machines neuves sortant des ateliers Alstom de Belfort.

 

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